Centrafrique : Cathérine Samba Panza, de maire à mère

Article : Centrafrique : Cathérine Samba Panza, de maire à mère
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21 janvier 2014

Centrafrique : Cathérine Samba Panza, de maire à mère

Déjà MAIRE de Bangui, elle devient MERE de tous les Centrafricains
Déjà MAIRE de Bangui, elle devient MÈRE de tous les Centrafricains (Photo Rue89)

Elle était Maire de Bangui. Puis, depuis, jeudi 21 janvier, Mère de la Centrafrique. Et c’est en mère qu’elle lance ce message pathétique: « Je voudrais en tant que mère pouvoir apaiser les esprits. Seule une mère pourra rassembler tous ses filles et fils divisés », avant d’ajouter plus tard « je suis présidente de toutes les centrafricaines, et tous les centrafricains sans exclusive, je lance un appel à mes enfants anti Balaka et à mes enfant ex-Seleka Manifestez votre adhésion à ma nomination en donnant un signal fort de dépôt des armes ».

C’est elle, Cathérine Samba Panza, qui aura la lourde charge de ramener la paix dans un pays ravagé par la guerre. Tenter de réussir là où les hommes ont échoué jusqu’ici. Dans un pays comme la Centrafrique en proie à des conflits intercommunautaires et interreligieux, il faut, en effet, avoir du cœur, celle d’une mère pour oser conduire la transition. Cette audace, Mme Samba Panza l’a eu. Et, pour une fois depuis plusieurs mois, ce jeudi après-midi, les armes se sont tues, le temps que tout un peuple (ou presque) saluait l’élection  de la désormais « Maman nationale» au sein/auprès de la quelle chacun devrait pouvoir trouver des raisons de pardonner.

Premier test, former un gouvernement qui commence déjà par rassurer toutes les parties. L’enjeu est de taille : rassurer suffisamment ceux qui hésitent toujours à déposer les armes, à le faire, dans un pays ou chacun doit avoir perdu au moins un père, une mère, un frère, une sœur, un ami, une connaissance… dans les folies collectives meurtrières de ces derniers mois. Ensuite apaiser les cœurs toujours saignants, nettoyer les yeux encore envahies par des larmes, tendre la main aux mains encore prêtes à dégainer…pour qu’ils acceptent de donner une chance à la paix. Puis, organiser une élection qui sera des plus sensibles, délicates et hautement stratégiques. Une élection à l’ivoirienne ou à la malienne qui, certainement, mobilisera l’attention du monde entier et nécessitera d’importantes ressources. Une élection qui, ne devrait pas contribuer pas à enfoncer le pays, à raviver les plaies, à renforcer le sentiment d’injustice qui plane généralement sur les pays africains à la fin de chaque processus électoral.

L’affaire n’est pas simple. Si Catherine réussit, ceux qui le disent auront raison d’avancer (comme www.slateafrique.com) que : « Ressources naturelles: si les femmes les contrôlaient, il y aurait moins de guerres ». A 58, elle a eu à relever des défis, mais celui-ci est, peut-être, celui de sa vie. Tous les Centrafricains, chrétiens comme musulmans, attendent de re-applaudir à la fin de la transition, comme à son élection. Mme, au boulot !

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